Yvette et Roland THOMAS

Près de l’entrée ils commencèrent à sentir une odeur de viande grillée. L’eau envahit leur bouche et ils déglutirent. Le clan faisait ripaille. Abandonnant toute prudence, ils se précipitèrent à travers l’entrée.

Loin de les attendre avec impatience, le clan faisant bombance d’un énorme cornu dont une moitié tournait au-dessus du grand feu central. Trop occupés à remplir les ventres, le clan des Nam avait abandonné toute précaution face aux dangers, ce qui expliquait l’absence de guetteurs. Pire encore, personne ne semblait avoir encore remarqué leur présence. Oumh’r grogna de dépit.

Interrompant sa distribution, Nam, le chef du clan leva le couteau d’os avec lequel il découpait les chairs grillées. Il fit un geste rapide et nonchalant, leur faisant signe d’avancer. Puis, sans leur accorder plus d’importance, il reprit son découpage de la viande en train de cuire. Il passait chaque morceau à Iark le rapide qui décidait alors du destinataire. Cela signifiait que Iark était le découvreur du cornu, celui qui avait mené la chasse, celui qui pouvait décider de la distribution des parts. Comment Iark avait-il pu tuer un cornu en ce début d’hivers ? Oumh’r était atterré. Il pensait arriver en sauveur du clan avec la chair du groïnk qu’il avait ramené après tant d’efforts conjugués avec ses deux compagnons.

Ses deux compagnons et lui-même déposèrent leurs charges près de l’entrée et s’approchèrent du foyer central. Iark se dressa alors pour offrir un énorme quartier de viande à Oumh’r, puis à chacun de ses compagnons. C’était une attention toute particulière. Il les accueillait avec honneur et élan, montrant ainsi à tout le clan sa propre générosité. Oumh’r accepta le morceau et s’installa un peu à l’écart. Ses deux compagnons le voyant planter les dents, se détendirent et commencèrent à dévorer.

Iark se mit alors à conter, parlant et mimant à la fois, comment, parti à la recherche de racines dans une zone qu’il venait de découvrir, il avait vu arriver cet énorme troupeau de cornus qui descendaient vers le sud et de plus verts pâturages. Il conta comment, il avait réussi à écarter un vieux mâle du troupeau, pour l’abattre d’un seul coup de son bâton à piquer puis revenir ensuite, bien vite, chercher le clan pour transporter la viande avant que les mangeurs de mort ne la prennent. Heureusement, il faisait déjà assez froid pour que les tout petits ennemis n’aient pu encore commencer leur oeuvre.

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