Près de l’entrée ils commencèrent à sentir une
odeur de viande grillée. L’eau envahit leur bouche et ils
déglutirent. Le clan faisait ripaille. Abandonnant toute prudence,
ils se précipitèrent à travers l’entrée.
Loin de les attendre avec impatience, le clan faisant
bombance d’un énorme cornu dont une moitié tournait au-dessus du
grand feu central. Trop occupés à remplir les ventres, le clan des
Nam avait abandonné toute précaution face aux dangers, ce qui
expliquait l’absence de guetteurs. Pire encore, personne ne
semblait avoir encore remarqué leur présence. Oumh’r grogna de
dépit.
Interrompant sa distribution, Nam, le chef du clan leva
le couteau d’os avec lequel il découpait les chairs grillées. Il
fit un geste rapide et nonchalant, leur faisant signe d’avancer.
Puis, sans leur accorder plus d’importance, il reprit son découpage
de la viande en train de cuire. Il passait chaque morceau à Iark le
rapide qui décidait alors du destinataire. Cela signifiait que Iark
était le découvreur du cornu, celui qui avait mené la chasse,
celui qui pouvait décider de la distribution des parts. Comment Iark
avait-il pu tuer un cornu en ce début d’hivers ? Oumh’r était
atterré. Il pensait arriver en sauveur du clan avec la chair du
groïnk qu’il avait ramené après tant d’efforts conjugués avec
ses deux compagnons.
Ses deux compagnons et lui-même déposèrent leurs
charges près de l’entrée et s’approchèrent du foyer central.
Iark se dressa alors pour offrir un énorme quartier de viande à
Oumh’r, puis à chacun de ses compagnons. C’était une attention
toute particulière. Il les accueillait avec honneur et élan,
montrant ainsi à tout le clan sa propre générosité. Oumh’r
accepta le morceau et s’installa un peu à l’écart.
Ses deux compagnons le voyant planter les dents, se détendirent
et commencèrent à dévorer.
Iark se mit alors à conter, parlant et mimant à la
fois, comment, parti à la recherche de racines dans une zone qu’il
venait de découvrir, il avait vu arriver cet énorme troupeau de
cornus qui descendaient vers le sud et de plus verts pâturages. Il
conta comment, il avait réussi à écarter un vieux mâle du
troupeau, pour l’abattre d’un seul coup de son bâton à piquer
puis revenir ensuite, bien vite, chercher le clan pour transporter la
viande avant que les mangeurs de mort ne la prennent. Heureusement,
il faisait déjà assez froid pour que les tout petits ennemis
n’aient pu encore commencer leur oeuvre. |