Oumh’r remonta la piste vers le début de la bataille.
D’autres cadavres de hou’ous jonchaient le sol. Mais la femelle
et les petits avaient disparu. Le vieux mâle était venu les libérer
de l’attaque, attirant sur lui toute la meute.
Oumh’r retourna vers le groïnk et ses compagnons,
saisit son bâton à piquer et d’un seul coup au défaut de
l’épaule cloua le groïnk au sol. Celui-ci eut à peine un sursaut
et retomba immobile.
Alors les hommes du clan des Nam se précipitèrent sur
leurs proies, déchirant à pleine dent, emplissant leurs bouches de
sang chaud qui réjouissait les ventres. Ils les remplirent de la
chair des hou’ous, réservant le groïnk pour le ramener à
la grotte. Quand les ventres furent tendus et presque douloureux ils
s’endormirent béatement.
Au matin ils abattirent un petit arbuste pour y
suspendre le groïnk, qu’ils pourraient ainsi porter à deux. Ils
découpèrent de grandes lanières de chair, que porterait le
troisième, dans les cadavres de hou’ous restant. Ils
n’avaient pas de feu pour pouvoir fumer la viande, mais en se
hâtant ils pourraient atteindre la grotte en quelques jours. Ils
suspendirent à un arbre les dépouilles qu’ils ne pouvaient
transporter et les abandonnant à regret, ployant sous leurs charges,
prirent le chemin du clan.
Ils avaient marché, marché. Plusieurs fois, le disque
jaune s’était élevé pour retomber, mangé par l’ombre. La
grotte du clan des Nam n’était maintenant plus très loin.
Oumh’r et ses deux compagnons s’approchaient d’un large
mouvement circulaire veillant à conserver le dos au vent afin de ne
pas dévoiler l’abri à d’éventuels prédateurs en chasse. De
plus, leurs odeurs mêlées à celle du groïnk annonceraient leur
approche aux guetteurs. Le clan tout entier serait prêt à les
accueillir.
Oumh’r repassait dans sa tête les dernières
péripéties de leur quête qu’il raconterait, raconterait,
raconterait tout en distribuant la nourriture qu’ils rapportaient.
Les ventres du clan seraient remplis durant plusieurs jours de la
chair du groïnk. Son rang dans le clan serait renforcé et sa place
près du foyer central garantie pour de nombreuses lunes.
Les trois chasseurs se glissaient en silence, ployant
sous leurs charges. Aucun guetteur n’avait encore manifesté sa
présence. Si près de la grotte c’était inhabituel. Tous les sens
en éveil, attentifs au moindre son, plus silencieux encore, ils
s’approchèrent. On commençait à distinguer l’entrée masquée
de l’abri. Comme ils continuaient leur approche, une sorte de
brouhaha joyeux sembla sortir de la grotte.
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