Yvette et Roland THOMAS

Oumh’r remonta la piste vers le début de la bataille. D’autres cadavres de hou’ous jonchaient le sol. Mais la femelle et les petits avaient disparu. Le vieux mâle était venu les libérer de l’attaque, attirant sur lui toute la meute.

Oumh’r retourna vers le groïnk et ses compagnons, saisit son bâton à piquer et d’un seul coup au défaut de l’épaule cloua le groïnk au sol. Celui-ci eut à peine un sursaut et retomba immobile.

Alors les hommes du clan des Nam se précipitèrent sur leurs proies, déchirant à pleine dent, emplissant leurs bouches de sang chaud qui réjouissait les ventres. Ils les remplirent de la chair des hou’ous, réservant le groïnk pour le ramener à la grotte. Quand les ventres furent tendus et presque douloureux ils s’endormirent béatement.

Au matin ils abattirent un petit arbuste pour y suspendre le groïnk, qu’ils pourraient ainsi porter à deux. Ils découpèrent de grandes lanières de chair, que porterait le troisième, dans les cadavres de hou’ous restant. Ils n’avaient pas de feu pour pouvoir fumer la viande, mais en se hâtant ils pourraient atteindre la grotte en quelques jours. Ils suspendirent à un arbre les dépouilles qu’ils ne pouvaient transporter et les abandonnant à regret, ployant sous leurs charges, prirent le chemin du clan.

Ils avaient marché, marché. Plusieurs fois, le disque jaune s’était élevé pour retomber, mangé par l’ombre. La grotte du clan des Nam n’était maintenant plus très loin. Oumh’r et ses deux compagnons s’approchaient d’un large mouvement circulaire veillant à conserver le dos au vent afin de ne pas dévoiler l’abri à d’éventuels prédateurs en chasse. De plus, leurs odeurs mêlées à celle du groïnk annonceraient leur approche aux guetteurs. Le clan tout entier serait prêt à les accueillir.

Oumh’r repassait dans sa tête les dernières péripéties de leur quête qu’il raconterait, raconterait, raconterait tout en distribuant la nourriture qu’ils rapportaient. Les ventres du clan seraient remplis durant plusieurs jours de la chair du groïnk. Son rang dans le clan serait renforcé et sa place près du foyer central garantie pour de nombreuses lunes.

Les trois chasseurs se glissaient en silence, ployant sous leurs charges. Aucun guetteur n’avait encore manifesté sa présence. Si près de la grotte c’était inhabituel. Tous les sens en éveil, attentifs au moindre son, plus silencieux encore, ils s’approchèrent. On commençait à distinguer l’entrée masquée de l’abri. Comme ils continuaient leur approche, une sorte de brouhaha joyeux sembla sortir de la grotte. 

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