Yvette et Roland THOMAS

L’ombre était maintenant totale. Les hou’ous, arrivèrent, maintenant plus nombreux que les doigts des deux mains. Ils tournèrent un long moment au pied de l’arbre où leurs traces disparaissaient. Restait la trace des groïnks. Après quelques hésitations et faux départs, ils finirent par reprendre leur traque, suivant maintenant la piste chaude des groïnks. La ruse de Oumh’r et de ses deux compagnons avait réussi.

Bien installés sur la fourche d’une haute branche, ils se préparèrent à passer la nuit.

De longs hurlements retentirent. Les hou’ous attaquaient les groïnks. Un concert de glapissements, de grognements, de galopades effrénées s’élevait à quelque distance. Les grognements montèrent d’un cran, un nouveau groïnk se joignait au combat. Le bruit se rapprochait. Oumh’r et ses deux compagnons virent alors un vieux mâle, énorme, qui chargeait vers leur arbre, des grappes de hou’ous accrochées à ses flancs. Il s’arrêta soudain, et d’un coup des longues dents qui sortaient du dessus de sa gueule, éventra le plus grand des hou’ous. Celui-ci glapit et roula, agité de soubresauts, ses entrailles fumantes se répandant au sol. Les hou’ous tournaient une ronde mortelle autour du vieux groïnk qui s’était adossé à l’arbre pour faire front. Un nouveau hou’ou roula au sol, la gorge ouverte d’un coup de dent. L’odeur du sang chaud montait jusqu’à Oumh’r, réveillant les douleurs de son ventre et faisant couler une eau abondante dans sa bouche.

Le combat se poursuivait. Les hou’ous chargeaient. Le groïnk tête baissée attendait, puis d’un mouvement rapide cueillait un hou’ou pour le jeter en l’air. Parfois, le hou’ou ne se relevait pas, reins brisés, ventre ou gorge ouvert. Le plus souvent, il repartait à l’attaque visant la gorge qu’il atteignait parfois plantant ses crocs, cherchant la veine. Le groïnk était couvert de sang. Il commençait à faiblir. Ses ripostes étaient plus lentes, moins précises. Plus de la moitié des hou’ous jonchaient maintenant le sol alentour. Un nouveau roula au sol pour ne plus se relever. Les hou’ous se rassemblèrent pour une dernière attaque.

Oumh’r et ses deux compagnons se laissèrent alors tomber sur les lieux du combat. Ils clouèrent au sol deux des hou’ous restant avec leurs bâtons à piquer et achevèrent le dernier d’un coup du bâton à frapper qui sépara presque la tête du tronc.

Alors le groïnk se coucha sur le sol, la tête entre les pattes et se laissa rouler sur le flanc. Ses blessures étaient trop nombreuses pour qu’il puisse survivre. Il respirait faiblement, attendant qu’on l’achève.

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