L’ombre était maintenant totale. Les hou’ous,
arrivèrent, maintenant plus nombreux que les doigts des deux mains.
Ils tournèrent un long moment au pied de l’arbre où leurs traces
disparaissaient. Restait la trace des groïnks. Après quelques
hésitations et faux départs, ils finirent par reprendre leur
traque, suivant maintenant la piste chaude des groïnks. La ruse de
Oumh’r et de ses deux compagnons avait réussi.
Bien installés sur la fourche d’une haute branche,
ils se préparèrent à passer la nuit.
De longs hurlements retentirent. Les hou’ous
attaquaient les groïnks. Un concert de glapissements, de
grognements, de galopades effrénées s’élevait à quelque
distance. Les grognements montèrent d’un cran, un nouveau groïnk
se joignait au combat. Le bruit se rapprochait. Oumh’r et ses deux
compagnons virent alors un vieux mâle, énorme, qui chargeait vers
leur arbre, des grappes de hou’ous accrochées à ses flancs. Il
s’arrêta soudain, et d’un coup des longues dents qui sortaient
du dessus de sa gueule, éventra le plus grand des hou’ous.
Celui-ci glapit et roula, agité de soubresauts, ses entrailles
fumantes se répandant au sol. Les hou’ous tournaient une ronde
mortelle autour du vieux groïnk qui s’était adossé à l’arbre
pour faire front. Un nouveau hou’ou roula au sol, la gorge ouverte
d’un coup de dent. L’odeur du sang chaud montait jusqu’à
Oumh’r, réveillant les douleurs de son ventre et faisant couler
une eau abondante dans sa bouche.
Le combat se poursuivait. Les hou’ous chargeaient. Le
groïnk tête baissée attendait, puis d’un mouvement rapide
cueillait un hou’ou pour le jeter en l’air. Parfois, le hou’ou
ne se relevait pas, reins brisés, ventre ou gorge ouvert. Le plus
souvent, il repartait à l’attaque visant la gorge qu’il
atteignait parfois plantant ses crocs, cherchant la veine. Le groïnk
était couvert de sang. Il commençait à faiblir. Ses ripostes
étaient plus lentes, moins précises. Plus de la moitié des hou’ous
jonchaient maintenant le sol alentour. Un nouveau roula au sol pour
ne plus se relever. Les hou’ous se rassemblèrent pour une dernière
attaque.
Oumh’r et ses deux compagnons se laissèrent alors
tomber sur les lieux du combat. Ils clouèrent au sol deux des
hou’ous restant avec leurs bâtons à piquer et achevèrent le
dernier d’un coup du bâton à frapper qui sépara presque la tête
du tronc.
Alors le groïnk se coucha sur le sol, la tête entre
les pattes et se laissa rouler sur le flanc. Ses blessures étaient
trop nombreuses pour qu’il puisse survivre. Il respirait
faiblement, attendant qu’on l’achève. |