Yvette et Roland THOMAS


Le grand disque jaune s’était élevé plusieurs fois, plus que les doigts d’une main, depuis qu’avec Ham le boiteux et Ourk aux larges pieds, Oumh’r avait quitté l’abri du clan des Nams. Le froid blanc gagnait une nouvelle fois sa lutte contre le disque jaune qui réchauffait de moins en moins la terre et ses occupants. Les grands habitants de la forêt ne donnaient plus de fruits à manger. Les femelles et les petits d’hommes avaient faim et la quête de nourriture avait entraîné très loin leur petit groupe. Ils étaient partis sur les traces des grands Cornus dans la direction du disque jaune quand il est le plus haut dans le ciel, mais avaient dû faire demi-tour. Même s’ils avaient trouvé quelque proie, ils étaient trop loin pour la ramener à la grotte. Ils se nourrissaient de racines sèches et cassantes qui n’arrivaient pas à calmer les douleurs de leurs ventres. Depuis le matin, ils avaient sentis l’approche d’un petit groupe de hou’ous qui sans les menacer ouvertement, les suivait avec insistance.

Les hou’ous étaient trop peu nombreux pour les menacer réellement. Avec leur bâton à piquer, à la pointe durcie au feu et leur bâton à frapper, à l’extrémité armée d’une lourde pierre tranchante, ils pouvaient résister à une dizaine de bêtes aux crocs d’un blanc de neige. Les hou’ous le savaient également. Mais ils pouvaient être rejoints par d’autres individus de la meute et devenir menaçants.

Oumh’r et ses deux compagnons s’étaient engagés dans une gorge étroite au fond de laquelle courrait une eau rapide. En se déplaçant dans l’eau, ils pourraient cacher leur piste et tenter de rompre la traque.

L’air fraîchissait et le grand disque, maintenant rouge, rentrait lentement dans la grande montagne noire à tête blanche. L’ombre montait doucement de la terre. Elle aurait bientôt mangé le ciel et gagné un nouveau combat. Ourk qui marchait en tête montra de son bâton à piquer des traces qui marquaient une petite plage de sable au bord du torrent. Une femelle groïnk, accompagnée de deux ou trois jeunes était venue s’abreuver voici très peu de temps. La piste était encore fraîche. Oumh’r et ses deux compagnons suivirent les traces. Ils avancèrent ainsi, silencieusement, mêlant leur odeur à celle des groïnks.

Un grand arbre leur fournit alors ce qu’ils cherchaient. Une branche était assez basse pour être atteinte directement sans laisser son odeur sur le tronc. Oumh’r grimpant sur les épaules de Ourk attrapa la branche. Ses compagnons grimpèrent alors, le long de son corps pour le haler enfin dans l’arbre. Ils montèrent s’installer tout en haut de l’arbre, guettant l’arrivée des hou’ous.

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