Le grand disque jaune s’était élevé plusieurs fois,
plus que les doigts d’une main, depuis qu’avec Ham le boiteux et
Ourk aux larges pieds, Oumh’r avait quitté l’abri du clan des
Nams. Le froid blanc gagnait une nouvelle fois sa lutte contre le
disque jaune qui réchauffait de moins en moins la terre et ses
occupants. Les grands habitants de la forêt ne donnaient plus de
fruits à manger. Les femelles et les petits d’hommes avaient faim
et la quête de nourriture avait entraîné très loin leur petit
groupe. Ils étaient partis sur les traces des grands Cornus dans la
direction du disque jaune quand il est le plus haut dans le ciel,
mais avaient dû faire demi-tour. Même s’ils avaient trouvé
quelque proie, ils étaient trop loin pour la ramener à la grotte.
Ils se nourrissaient de racines sèches et cassantes qui n’arrivaient
pas à calmer les douleurs de leurs ventres. Depuis le matin, ils
avaient sentis l’approche d’un petit groupe de hou’ous qui sans
les menacer ouvertement, les suivait avec insistance.
Les hou’ous étaient trop peu nombreux pour les
menacer réellement. Avec leur bâton à piquer, à la pointe durcie
au feu et leur bâton à frapper, à l’extrémité armée d’une
lourde pierre tranchante, ils pouvaient résister à une dizaine de
bêtes aux crocs d’un blanc de neige. Les hou’ous le savaient
également. Mais ils pouvaient être rejoints par d’autres
individus de la meute et devenir menaçants.
Oumh’r et ses deux compagnons s’étaient engagés
dans une gorge étroite au fond de laquelle courrait une eau rapide.
En se déplaçant dans l’eau, ils pourraient cacher leur piste et
tenter de rompre la traque.
L’air fraîchissait et le grand disque, maintenant
rouge, rentrait lentement dans la grande montagne noire à tête
blanche. L’ombre montait doucement de la terre. Elle aurait bientôt
mangé le ciel et gagné un nouveau combat. Ourk qui marchait en tête
montra de son bâton à piquer des traces qui marquaient une petite
plage de sable au bord du torrent. Une femelle groïnk, accompagnée
de deux ou trois jeunes était venue s’abreuver voici très peu de
temps. La piste était encore fraîche. Oumh’r et ses deux
compagnons suivirent les traces. Ils avancèrent ainsi,
silencieusement, mêlant leur odeur à celle des groïnks.
Un grand arbre leur fournit alors ce qu’ils
cherchaient. Une branche était assez basse pour être atteinte
directement sans laisser son odeur sur le tronc. Oumh’r grimpant
sur les épaules de Ourk attrapa la branche. Ses compagnons
grimpèrent alors, le long de son corps pour le haler enfin dans
l’arbre. Ils montèrent s’installer tout en haut de l’arbre,
guettant l’arrivée des hou’ous. |